L’orgasme…
Vaste sujet, vous me direz. Et pourtant cela fait peu de temps que la science s’intéresse à ce phénomène plus que fascinant. Saviez-vous que plus de trente régions du cerveau étaient activées pendant l’orgasme ? Que nous sommes tellement shootés aux hormones que notre tolérance à la douleur augmenterait de 50 % !
De nombreux spécialistes s’accordent pour dire que cet état, qui se rapproche d’un état de transe, participerait à notre bien-être et serait capable de nous donner accès à un potentiel que l’on sous -estime encore beaucoup trop. Une transe qui nous met dans un autre rapport au temps, une sorte d’intemporalité loin des codes de notre société.
Dans l’orgasme thérapeutique, Alain Héril écrit, à propos de l’orgasme, que « c’est une sorte de méditation qui ouvre l’espace sensitif intérieur et met en connexion avec soi-même ». Une description proche de celle de l’intuition non ?
L’intuition pourrait se définir comme une connaissance que l’on aurait des choses et qui nous viendrait comme un messager. Elle serait une sensation intérieure, qui ne passerait pas par le raisonnement et qui prédirait ce qui pourrait advenir. Suivre son intuition serait une capacité à écouter cette petite voix, dont on ne pourrait prouver l’existence, et qui nous guiderait. Selon le psychologue américain Gary Klein, 9 décisions sur 10 sont prises sur une base intuitive. Ça fait pas mal quand même quand on sait que les gens aiment tant la rationalité !
Pour autant, je ferai, même si les termes se distinguent, un rapprochement entre intuition et instinct. En effet, de nombreuses informations nous parviennent, et, la plupart du temps, tout cela se fait de manière inconsciente. Comme notre manière de ressentir l’autre, le monde qui s’appuie sur tous les signes que l’extérieur nous envoie. Le cerveau a enregistré tout cela pour nous protéger en se basant sur nos expériences passées. Il va rechercher à reproduire l’expérience plaisante et à fuir ce qui, par le passé, a pu être vécu comme douloureux, voire pénible. C’est, entre autres, le cortex pré frontal ventromédian qui est à l'œuvre dans ce processus. Il s’active systématiquement lorsque nous avons recours à l’intuition. C’est à cet endroit que sont stockées les informations liées à nos expériences passées et l’émotionnel en jeu. C’est lui qui nous permet de prendre des décisions extrêmement rapidement en se basant sur ce que nous avons vécu précédemment. On est donc, il me semble, plus dans l’instinct que dans l’intuition même si encore une fois la limite est fine. On pourrait aussi imaginer que cette manière de fonctionner soit à l’origine du renforcement de la plupart des stéréotypes que nous avons intégrés.
Il existerait donc cette intuition (état furtif libéré du jugement) qui nous donne une réponse immédiate à une situation, suivie ensuite du raisonnement et de la logique.
Pour certains neuroscientifiques, l’intuition serait une manière qu’a notre cerveau de prévoir certaines choses sans que cela ne lui semble être un processus conscient.
Maintenant, que nous avons un bref aperçu de ce qui se passe dans notre cerveau lorsque ces informations nous parviennent, revenons sur le sujet qui nous intéresse.
Nous l’avons dit, l’orgasme est un état qui sollicite et met en branle (et oui, j’ai osé.) nombre de nos fonctionnalités.
Alors que se passe-t-il pendant l’orgasme et qui nous intéresse tant ?
Lors de l’orgasme, ce sont toutes les zones de notre cerveau qui réagissent. Une synchronisation presque totale de l’activité cérébrale selon Adam Safron dans « What is orgasme ? A model of sexual trance and climax via rhythmic entrainment » publié en 2016 dans Socioaffective Neuroscience & Psychology.
Des zones du cerveau en pleine activité, d’autres complètement inhibées comme la zone du raisonnement et du jugement, en particulier du jugement de soi. On observe d’ailleurs que les femmes (même s’il y a beaucoup de similitudes, il y a quelques différences de fonctionnement entre les hommes et les femmes) souffrant d’anorgasmie (difficulté à atteindre l’orgasme) rencontrent une difficulté à mettre en veille le jugement de leurs propres actions et la peur du regard de l’autre.
On peut alors se demander si la sexualité est le lieu pour développer son intuition. Il me semble que oui. Dans cet endroit où les masques tombent, où l’on peut voir l’autre et soi-même pour ce que nous sommes au plus profond de nous-même, dans cet espace ou la conscience de soi et de l’environnement est modifié, il n’y a plus de place pour le raisonnement. Quelque chose de plus spontané prend place et nous connecte d’avantage à tous nos sens, à toutes nos sensations. Lors de la relation sexuelle et en particulier pendant l’orgasme, on observe une activation intense des différents cortex amenant à une sensibilité intensifiée. Certains témoignent même de visions lors de cet état que nombreux qualifient d’extatique.
En-dehors de son aspect thérapeutique, la relation intime, qu’elle soit avec soi-même ou partagée à de merveilleuses vertus que les neurosciences commencent à explorer.
Nous sommes encore loin de tout savoir de ces phénomènes qui fascinent de par leur organisation presque parfaite voir même mystique. Autant dans la sexualité que lors des expériences où l’intuition nous a guidé, nous aimons à croire que quelque chose de plus grand que nous nous accompagne. L’être intuitif/instinctif se retrouve dans sa manière d’être proche du soi et du monde. Depuis le début de l’histoire de l’Homme, des traces nous prouvent que la spiritualité est indissociable de nos organisations. Alors que nous soyons extrêmement rationnels ou un peu plus spirituels, tout cela est inscrit dans nos gènes depuis bien longtemps et il serait dommage de ne pas aller exploiter ces magnifiques capacités qui nous sont offertes.
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